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Extrait:Les banques françaises sont encore loin d'être de bons élèves concernant le réchauffement climatique. Oxfam vient de les épingler dans un rapport publié le 4 juin, en partenariat avec l'association Fair France Finance, qui fournit une grille d‘évaluation des politiques de crédit et d’investissement
Gian-Reto Tarnutzer/Unsplash
Les banques françaises sont encore loin d'être de bons élèves concernant le réchauffement climatique. Oxfam vient de les épingler dans un rapport publié le 4 juin, en partenariat avec l'association Fair France Finance, qui fournit une grille d‘évaluation des politiques de crédit et d’investissement des établissements bancaires. L'ONG britannique estime que leurs engagements “sont insuffisants et montrent les limites de lapproche volontaire adoptée par le secteur financier”.
Si l'ensemble des banques ont annoncé qu'elles arrêtaient de financer les projets de mines et de centrales à charbon, “elles continuent de soutenir certaines entreprises opérant dans ce secteur”, souligne-t-elle. “Parmi les types dénergies privilégiées par les banques, le charbon reste encore trop prépondérant, comptant en moyenne pour 8,5 % des énergies financées tandis que le gaz et le pétrole représentent à eux deux 62,5 %”, pointe Alexandre Poidatz, chargé de la régulation du secteur financier chez Oxfam France. Dans le même temps, les financements dédiés aux énergies renouvelables pèseraient seulement 19,6%.
Alexandre Poidatz insiste et réclame le passage de la parole aux actes : “Les banques connaissent leur responsabilité dans la crise climatique. Il est temps qu‘elles arrêtent de se cacher derrière des mesures d’autorégulation et de la communication faussement volontariste.” Oxfam appelle donc les établissements bancaires tricolores à faire preuve de “plus d'ambition”, et interpelle aussi l'Etat sur le sujet.
Pour que soit respecté l'Accord de Paris sur le climat, remontant à décembre 2015, l'ONG demande au gouvernement de contraindre les acteurs financiers à “adopter un plan de désengagement progressif du charbon au plus tard en 2030 dans l'OCDE et l'Union européenne, et en 2040 dans le reste du monde”. Oxfam préconise aussi d'obliger les banques à “présenter un plan de stabilisation puis de diminution des capacités dans les secteurs pétrolier et gazier, aligné avec lobjectif de 1,5 °C”.
En attendant, voici les 6 grandes banques françaises, parmi les huit évaluées par l'ONG et Fair Finance, qui affichent les pires résultats en matière de changement climatique — avec leur note sur 10 :
6. La Banque Postale — 4,4/10
Rémy Weber, le président du directoire de La Banque Postale, en février 2012. Wikimedia Commons/ La Banque Postale
La Banque Postale a apporté des financements dans les énergies renouvelables pour un montant de près de 200 millions d'euros en 2016 et 2017, contre seulement 16 millions d'euros pour les fossiles. Mais elle a investi dans le même temps 719 millions d'euros dans des actions d'entreprises exposées aux énergies fossiles, contre seulement 80 millions dans les entreprises en lien avec les énergies renouvelables.
5. BNP Paribas — 3,2/10
Le PDG de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, en août 2018. REUTERS/Philippe Wojazer
BNP Paribas est la première banque française concernant le soutien aux énergies fossiles, avec un montant de 12,8 milliards d'euros que l'établissement leur a consacré en 2016 et 2017, contre 3,3 milliards d'euros seulement pour les renouvelables.
La direction de BNP Paribas conteste toutefois l'analyse d'Oxfam. “En vous appuyant sur la comparaison de nos chiffres bruts à ceux de banques plus petites, vous pouvez laisser croire que nous ne faisons pas defforts pour réduire le financement des énergies fossiles”, a déploré la banque dans un courrier adressé l'ONG et consulté par l'AFP. L'établissement financier assure que son financement des énergies renouvelables a progressé de 66% en deux ans.
3 ex aequo. Société Générale — 2,6/10
Siège de la banque Société Générale à la Défense. Flickr/Guilhem Vellut
La Société Générale a financé les énergies fossiles à hauteur de 11,5 milliards d'euros en 2016 et 2017, contre 3,3 milliards d'euros pour les renouvelables. Le gaz et le pétrole représentent 65% des financements énergétiques, insiste Oxfam.
3 ex aequo. Crédit Agricole — 2,6/10
Agence du Crédit Agricole à Warsaw, en Pologne, le 3 juillet 2018. REUTERS/Marcin Goclowski
Crédit Agricole est la banque dont la part des financements accordés aux énergies fossiles est la plus importante, à 76%. En 2016 et 2017, l'établissement financier a octroyé 12,6 milliards d‘euros pour le financement des fossiles, contre seulement 2,7 milliards d’euros dédiés aux énergies renouvelables.
2. BPCE — 2,4/10
Agence de la Caisse d'Epargne. P. Paviot/BPCE
BPCE et sa filiale Natixis ont consacré 5,6 milliards d'euros aux énergies fossiles en 2016-2017, contre seulement 1,6 milliard d'euros pour les renouvelables. Si les volumes sont moins importants que ceux des trois plus grandes banques françaises, BPCE est l'établissement bancaire qui accorde “la part la plus importante de ses financements au charbon”. “Avec 12%, BPCE finance plus le charbon que léolien ou le solaire”, précise Oxfam.
1. Crédit Mutuel — 1,9/10
Siège du Crédit Mutuel à Strasbourg. Wikimedia Commons/Ji-Elle
Le Crédit Mutuel-CIC a accordé près de 800 millions d'euros de financement aux énergies renouvelables, en 2016 et 2017, contre près de deux fois moins pour les fossiles. Mais Oxfam lui a octroyé la moins bonne note en raison des 460 millions d'euros investis dans des actions d'entreprises exposées aux énergies fossiles, contre seulement 43 millions d'euros dans des sociétés favorisant les énergies renouvelables.
“Nous regrettons vivement que cette publication d‘Oxfam ne prenne en compte ni les dernières données publiées en avril 2019, ni les engagements pris par Crédit Mutuel Alliance Fédérale post COP21”, a toutefois regretté un porte-parole de la banque mutualiste auprès de l’AFP, préférant rappeler la volonté du groupe d'augmenter de 30% les financements à fort impact climatique et de baisser de 30% son empreinte carbone via un mécanisme de compensation.
La Nef et le Crédit Coopératif bons élèves
A l'inverse, le Crédit Coopératif et la NEF ont été bien notés par Oxfam et Fair finance. Le premier a reçu une note de 7,4 sur 10. S'il n'accorde pas de financement aux énergies fossiles, le Crédit Coopératif ne publie pas les émissions de gaz à effet de serre générées par les projets et entreprises quil finance chaque année. Le second — la NEF — rend quant à lui public l'intégralité de ses financements, orientés vers des projets uniquement “à impacts neutres et positifs”. La banque a donc logiquement récolté un 10 sur 10.
Globalement, Oxfam estime que les banques françaises sont en retard en matière climatique, par rapport à d'autres acteurs. L'ONG prend notamment l'exemple de la banque néerlandaise ING, qui ne soutiendra plus les entreprises produisant plus de 5% de leur électricité grâce au charbon d'ici 2025. Elle cite aussi les assureurs tricolores, qui se sont de leur côté engagés à délaisser les entreprises ayant des activités dans les centrales à charbon.
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